Marc avait un talent inné pour les relations. Il était d’un naturel pacifique et conciliant et rien ne lui faisait plus plaisir que de trouver les solutions qui convenaient à tous. Cet objectif le rendait très créatif. Trouver les accords était son moteur et son sens du service lui avait permis de faire une très belle carrière dans la vente.
Cette grande force était aussi source de difficultés. Enfant, il avait vécu dans un environnement affectif peu sécurisant et les conflits auxquels il avait été mêlé l’avaient beaucoup perturbé. Il s’était senti très inadapté au monde dans lequel il vivait parce que n’y trouvant pas les conditions de paix qui lui étaient nécessaires pour bien fonctionner. Face à ceux qui le contraignaient par la force, il avait choisi de se soumettre pour éviter les douleurs immédiates. Il cherchait en permanence à bien faire et à plaire pour désamorcer tout conflit potentiel et recueillir l'approbation de son entourage. Cela avait engendré une souffrance plus grande et plus tenace : la frustration de vivre coupé de ses besoins et de lui-même.
Lorsqu’il était devenu adulte, aller vers les autres lui avait demandé de très gros efforts car il manquait totalement de confiance en lui, comme manquent de confiance en eux tous ceux dont le développement des talents innés a été contrarié dès leur plus jeune âge. Ses premières armes dans la vente furent très difficiles.
Lorsque je l’ai rencontré, bien des années plus tard, Marc avait réussi à orienter son activité professionnelle de façon à jouer pleinement le rôle qu’il voulait jouer auprès des autres : il aidait ses clients à communiquer, au sens premier du terme, c'est-à-dire à partager leurs valeurs pour mieux vendre leurs prestations. Marc avait donc fait beaucoup de chemin mais il souhaitait encore progresser sur le plan de la confiance en lui. Il était capable d’initier et de développer de très belles relations avec de nombreuses personnes mais les conflits, réels ou potentiels, provoquaient encore en lui un trouble qu’il avait du mal à maitriser. Devant une situation difficile, il utilisait encore souvent sa stratégie du silence « poli » et de l’effort pour plaire. Il était capable d’encaisser beaucoup mais après un certain temps, la pression qu’il s’imposait à lui-même en se forçant à accepter des situations déplaisantes, devenait insupportable. Il lui arrivait encore de temps en temps de se mettre en colère, ce qu’il détestait le plus au monde, lui qui voulait tant être en paix avec la terre entière. Tout signe d’opposition était pour lui un signe de danger, danger devant lequel sa réaction pouvait aller de l’agacement jusqu'à la peur panique. Il voulait que cela cesse mais comment faire pour défendre ses positions sans être en guerre ?
J’aidai Marc à voir que son manque de confiance en lui venait de ce que ses talents d’homme de relations pacifiques avaient été sapés par ses expériences de jeunesse mais qu’il n’y avait aucune raison pour que ses expériences actuelles réveillent ses peurs d’enfant. Aucun de ses conflits potentiels actuels n’était suffisamment dangereux. Il pouvait donc envisager d’abandonner sa stratégie de soumission qui générait tant de frustrations.
Marc comprit qu’il lui fallait devenir qui il était profondément, c'est-à-dire un homme juste et honnête et que cette honnêteté passait par l’expression vraie de ce qu’il ressentait, de ce qu’il voulait pour lui-même. Il ne devait plus réduire au silence l’expression de ses besoins dans l’espoir d’éviter les conflits, d’autant plus qu’il avait développé un excellent niveau d’intelligence relationnelle. Il pouvait donc avoir entièrement confiance en lui et se sentir enfin totalement adapté au monde dans lequel il vivait.
Marc résolut donc d’être un homme « vrai », pour lui et pour les autres, ce qu’il devint d’autant plus facilement que cela correspondait parfaitement à sa nature profonde.
Il passa les semaines suivant notre rencontre à s’observer pour voir si ce qu’il pensait, disait et faisait lui permettait d’être cet homme vrai. La réaction de son entourage privé et professionnel le conforta dans sa résolution. Il fut agréablement surpris de constater que lorsqu’il disait des choses qu’il aurait eu tendance à garder pour lui auparavant, non seulement il ne déclenchait pas de conflits mais il sentait que la relation progressait. Lorsqu’il ne savait pas quoi dire, il disait qu’il allait réfléchir et personne ne lui en tenait rigueur, bien au contraire. Avant, il disait qu’il était d’accord et il payait la note ensuite.
La qualité de ses relations aux autres s’améliora encore. Certains liens se défirent parce qu’ils étaient noués de travers ou pour de mauvaises raisons. Loin d’en souffrir, Marc s’en ressentit libéré et mieux à même de déployer son énergie au service de meilleurs projets. L’homme vrai se sentait progressivement plus lui-même, plus efficace, plus heureux.