A 48 ans, Philippe exerçait avec succès le métier de consultant en marketing. Diplômé de l’une des trois grandes écoles de commerce de Paris, il avait commencé sa carrière dans des grands groupes, fabricants de lessives puis de produits alimentaires. Il avait ensuite pris la direction marketing d’un producteur français de conserves et enfin, celle d’un groupe de loisirs qu’il avait rapidement quitté, faute de pouvoir s’entendre avec le comité de direction.
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Philippe n’était pas homme à faire les choses à moitié et après avoir « tout donné » et beaucoup progressé pendant presque 20 ans de carrière, il traversa une phase de sérieuse remise en question. Quel poste rechercher dans quel type d’entreprise, pour mener quel genre de vie ? Sa dernière expérience très conflictuelle avait entamé sa confiance en lui et son départ négocié avait été d’autant plus perturbant qu’il avait eu lieu au beau milieu de son divorce.
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Je rencontrai Philippe trois ans plus tard. N’ayant pas souhaité se relancer immédiatement, il avait choisi de mener des missions pour le compte d’un cabinet de consultants en marketing. Cela lui avait permis de multiplier les expériences dans des domaines d’activité et pour des entreprises de tailles très différentes, et cette variété convenait parfaitement à son esprit très curieux de tout. En revanche, la brièveté des missions et l’absence de suivi opérationnel le frustraient un peu. D’autre part, la précarité du statut de consultant ajoutait au stress des missions et il se demandait sans cesse s’il ne ferait pas mieux de rechercher une nouvelle direction marketing, tout en remettant chaque fois les démarches au lendemain. Tiraillé entre l’envie et l’inquiétude, il était plus qu’indécis sur la conduite à tenir.
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Afin de l’aider à choisir ce qu’il allait faire, je l’amenais dans un premier temps, à reprendre conscience de son potentiel et à redéfinir qui il voulait être. Quand on sait qui l’on veut être, on voit plus beaucoup plus facilement ce qu’il convient de faire. Je l’aidais donc à répondre à la question : « qui devez-vous être pour redéployer votre potentiel inné ? »
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Philippe se connaissait bien et nous fûmes rapidement d’accord sur ses traits dominants. Homme de collaboration en recherche permanente d’accord avec l’autre, Philippe préfèrait convaincre plutôt qu’imposer et il utilisait son talent pour obtenir l’adhésion des gens avec qui il travaillait. Il avait par ailleurs un esprit analytique surdéveloppé. En observation permanente, il décortiquait les processus et les évènements pour en tirer aisément les enseignements pertinents. Ces premières dominantes en faisaient un homme d’études marketing efficace. En troisième dominante, Philippe avait un sens aigu des responsabilités et il prenait spontanément en charge les projets et les équipes, avec un degré de fiabilité élevé. C’est en s’appuyant sur ce talent qu’il avait su devenir un manager efficace et apprécié en entreprise. Ne plus développer ce talent était la source des ses frustrations.
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Pourquoi tant d’hésitations à se relancer dans la bagarre lorsqu'on a manifestement toutes les qualités pour poursuivre la carrière entamée ? En fait, Philippe ne voyait pas à quel point il avait des qualités rares pour le métier qu’il faisait. Ayant toujours beaucoup travaillé, il attribuait sa réussite, plus à ses efforts qu’à son talent et les difficultés rencontrées ces dernières années le faisaient douter de sa capacité à produire les efforts nécessaires pour gagner d’autres grands combats. Il avait beau constater de temps en temps que les performances de certains directeurs marketing étaient à l’évidence inférieures au siennes, cela n’accroissait que très brièvement sa confiance en ses propres capacités.
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Pendant notre rencontre, Philippe prit mieux conscience de son potentiel et de la valeur de ce qu’il était capable de faire avec facilité. Il se rendit compte que sa charge de travail en tant que consultant, alliée à un manque de confiance, le maintenaient dans une position attentiste. Après quelques échanges supplémentaires, il comprit que s'il était "passionné" il s'autoriserait à être moins dans l'effort et plus dans le plaisir. Ce faisant, il parviendrait à faire plus confiance à ses talents qu'à sa puissance de travail.
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Nous nous quittâmes donc sur cette résolution. "Être" passionné était ce qui lui avait manqué ces trois dernières années pour conquérir le poste auquel il pouvait prétendre légitimement.
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Très doué pour l’observation et l’analyse, il commença les jours suivants à voir ce qui, dans son comportement, lui permettait d’être cette personne passionnée ou bien, au contraire, ce qui l’en éloignait. Progressivement, l’image qu’il avait de lui-même s’améliora et il eut un regain de confiance en ses qualités professionnelles. Il se mit à la recherche d'un poste de directeur marketing et commercial qu’il trouva cinq mois plus tard.
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