A 40 ans, Paul avançait dans la vie grâce à une intelligence hors du commun qui se manifestait par une vivacité d’esprit exceptionnelle. Mais Paul n’était pas « bien dans sa peau ». Il était patron d’une petite entreprise qu’il développait à petits pas en n’exploitant qu’une très faible partie de son potentiel professionnel.
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Paul avait eu une enfance difficile avec une mère qui louait ses qualités intellectuelles tout en lui refusant l’affection tant désirée. Un mélange de « tu es doué mais tu n’iras pas bien loin » très toxique et douloureux qui signifiait pour Paul : « si tu veux que je t’aime, il te faudra être nettement plus brillant ». Paul n’était pas responsable des difficultés de sa mère mais, comme tout enfant en pareil cas, il ignorait qu’elle en avait et se croyait fautif.
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Paul était né altruiste et généreux. Très ouvert au monde, c’était un enfant particulièrement sensible au jugement des autres et donc à celui de sa mère. Il avait depuis coupé le cordon mais l’effet perdurait. Il avait développé ses qualités intellectuelles dans l’espoir d’être aimé, de ne plus souffrir, tout en acquérant la conviction que son intelligence n’était pas suffisante pour le sauver. Il ne se servait donc pas de ce qu’il savait pour réussir puisqu’il ne le méritait pas, puisque ce n’était pas suffisant.
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Son intelligence lui servait en revanche de remparts derrière lesquels il abritait ses émotions. Même lorsqu’il exprimait son mal-être, Paul était brillant. Son discours était froid et lucide : on aurait pu croire qu’il parlait de quelqu’un d’autre. Paul avait des désirs très humanistes mais il se limitait à prendre soin de ses proches. L’ouverture aux autres l’avait trop souvent fait souffrir.
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Lors de notre échange, je demandai à Paul qui il aimerait « être » pour retourner à la source de son potentiel inné et le redéployer, malgré sa blessure d’enfance. « Je pense qu’il faudrait que je sois plus confiant », me dit-il. Je ne compris pas tout de suite. Je crus que Paul parlait de confiance en lui.
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En fait, Paul avait suffisamment confiance en lui pour aller de l’avant mais en revanche, la confiance en l’autre lui faisait cruellement défaut. Paul avait fait confiance aux autres lorsqu’il était jeune : c’était dans sa nature. Son expérience en la matière avait été douloureuse et il avait décidé de se protéger de cette douleur. Sa nature profonde était cependant inchangée : il ne pouvait fonctionner que dans l’ouverture aux autres. Aussi, la plupart du temps, ne fonctionnait-il pas. S’il faisait un effort d’ouverture, le moindre signe inquiétant le poussait à la fermeture et aux mesures de représailles.
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Je compris un peu plus tard que Paul avait parfaitement identifié (intelligence oblige) ce qui lui manquait pour s’épanouir. Le retrait de sa confiance dans les autres avait été une stratégie pour éviter la douleur. Redonner sa confiance allait lui permettre de redéployer son potentiel initial.
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Comme à l’accoutumé, je demandai à Paul de ne rien changer dans son comportement mais de s’observer quotidiennement pour voir si son comportement, ses paroles, ses pensées l’amenaient à « être confiant » dans les autres ou l’en éloignaient. Son désir et sa nature profonde feraient le reste. Petit à petit, il verrait que la confiance serait un pari intelligent. Petit à petit, il verrait que ce pari lui permettrait de réussir et de s’épanouir.
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