A 26 ans, Sophie commençait une carrière prometteuse dans l’industrie aéronautique. Son diplôme d’ingénieur en poche et malgré une conjoncture économique difficile, elle avait eu à Paris pendant deux ans, une première expérience réussie dans un grand groupe. Ce dernier n’ayant pas de poste à pourvoir à Toulouse où Sophie et son mari s’installèrent peu de temps avant de se marier, il ne lui fallut que quelques semaines pour signer un contrat avec une très belle PME de la région.
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Sophie n’avait pas de problèmes majeurs mais son désir de progresser l’avait amenée à me consulter.
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Sa vraie personnalité était bien cachée derrière son calme et sa réserve apparentes. Née pour être libre et indépendante, elle avait été élevée comme beaucoup d’enfants et surtout comme beaucoup de filles, dans le respect des règles, l’obéissance et la prudence. Et pourtant, Sophie était faite pour le changement, l’aventure et la prise de risques. Elle supportait mal les contraintes, hormis celles qu’elle choisissait librement et la routine n’était pas du tout sa tasse de thé. Elle était née pour entreprendre et exercer le pouvoir. Elle avait un profil de patron pionnier.
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Les parents ont souvent du mal à donner à leur enfant l’espace dont il a besoin pour développer son potentiel. Si ce dernier manifeste son indépendance et l’envie de prendre des initiatives parfois risquées, ses parents peuvent aller jusqu’à le brider pour lui éviter les déconvenues. L’intention est bonne mais le développement de l’enfant n’en est pas moins contrarié et sa confiance en lui en souffre. Sophie ne me dit pas si cela avait été le cas pour elle mais l’histoire qu’elle me raconta fut suffisante pour illustrer le type de difficultés qu’elle rencontrait.
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Très bonne cavalière, elle avait mis ses premières économies dans l’achat d’un magnifique cheval qu’elle apprenait à connaître. L’ayant monté pendant quelques semaines en manège, elle s’était inscrite à une randonnée en forêt mais le comportement fougueux de l’animal en groupe, la poussait à se demander si elle ne ferait pas mieux de monter un autre cheval du club, plus calme. Le problème était clairement posé. D’un côté : le plaisir, la découverte, le risque. De l’autre : la prudence. Sophie pesa le pour et le contre pendant trois jours. Lorsqu’elle penchait pour le plaisir, elle se reprochait son manque de prudence. Si elle optait pour la prudence, elle ressentait une grande frustration.
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Le combat fut rude mais sa volonté l’emporta sur ses craintes et la veille de la randonnée, elle était résolue à monter son propre cheval. Arrivée au club, elle fut à nouveau assaillie par le doute. Lorsqu’elle confia son hésitation à son instructeur, ce dernier l'encouragea à écouter ses envies plus que ses craintes. Il n’en fallut pas plus pour la décider. Apaisée, elle communiqua son calme à l’animal et la randonnée se passa très bien.
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Indépendamment du risque encouru, la difficulté qu’elle avait éprouvée à faire son choix était significative. Malgré ses compétences de cavalière confirmée, elle avait hésité jusqu’au dernier moment, jusqu’à ce que son instructeur, l’autorité reconnue dans le domaine concerné, le parent en quelque sorte, la décharge de la responsabilité du choix. A partir de là, son talent et son courage avaient fait le reste.
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Conditionnée à ne pas se faire confiance, même lorsque tout lui prouvait qu’elle avait les compétences, Sophie était déchirée entre son goût inné pour l’aventure et les rappels permanents à la prudence. Pendant notre échange, elle commença à voir sa vraie nature, audacieuse et téméraire, et à comprendre que la crainte et le manque de confiance n’en faisaient pas partie mais qu’ils étaient le fruit d’un conditionnement dont elle pouvait se libérer. Elle pouvait se passer de l'aval de ses parents et oser.
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Elle décida donc d’ « être » véritablement audacieuse et de s’observer chaque jour afin de voir ce qui, dans son comportement et ses pensées, lui permettait d’être cette personne ou au contraire, l’en éloignait. Il ne s’agissait en effet pas de « faire » quoi que ce soit pour changer mais simplement de sentir intuitivement si elle « était » elle-même, en accord avec sa nature profonde ou si elle s’empêchait d’ « être » elle-même, retenue par des craintes non fondées.
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Lors de nos conversations ultérieures, Sophie témoigna souvent de sa confiance en elle grandissante. Se voir « être » excessivement craintive lui permettait souvent de relever de plus grands défis et d'être audacieuse, ce qui améliorait considérablement l’image d’elle-même. Se libérant de ses contraintes, elle s’épanouissait progressivement. Elle devenait elle-même.
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