A 49 ans, Lucie était une femme très active et décidée. Elle venait tout juste de quitter une « place au chaud » en pleine période de crise et s’apprêtait à monter un réseau de distribution sur un marché porteur dans le domaine de la protection de l’environnement. -- Son objectif était de mieux se connaître pour être plus efficace. - Lucie avait un grand sens des responsabilités. Elle prenait volontiers les autres sous sa protection, s’impliquant totalement dans son rôle, à la maison et au bureau. Ayant besoin de se sentir utile, elle apportait son soutien, ses conseils et rendait facilement service. Elle cherchait sans cesse à créer des conditions de vie et de travail harmonieuses. Cette attitude généreuse l’amenait à montrer l’exemple et la mettait en position de leader et ce, d’autant plus facilement qu’elle avait une grande détermination et une forte autonomie. Attentive aux autres, elle n’avait néanmoins pas besoin de leur approbation pour avancer. Elle était créative et ne redoutait pas la compétition. A ces traits de caractère s’ajoutait une bonne capacité à observer et analyser, qui l’aidait à comprendre les situations et les besoins des autres. - Je demandai à Lucie qui elle aimerait « être » pour développer ce potentiel plus qu’elle ne l’avait fait jusqu’alors. Ne sachant pas comment répondre directement à cette question, elle parla d’un complexe qu’elle ressentait parfois face à certaines personnes. Un sentiment de ne pas être à la hauteur. Elle ajouta immédiatement que cela ne l’empêchait pas de foncer et de faire ce qu’elle avait à faire, même si elle sentait qu’elle n’était pas aussi performante qu’elle savait l’être en d’autres circonstances. - - Que vous dites-vous face à ces personnes, lui demandai-je ? - Je me dis qu’elles sont meilleures que moi et que je dois savoir être humble. - Face à cette difficulté, Lucie avait adopté une stratégie très répandue dans notre culture : l’humilité. « Je me trouve moins bien que la personne en face de moi et j’en souffre mais je suis quelqu’un de bien parce que je sais reconnaître mon infériorité et faire preuve d’humilité ». - Lucie avait-elle raison de se sentir inférieure ? Non, bien sûr. Etait-ce un frein à son épanouissement ? Oui. L’humilité était-elle une solution ? Non, car elle la maintenait dans cet état d’infériorité qui n’avait aucun fondement. Faisant ce pourquoi elle était naturellement douée, Lucie n’avait aucune raison de se croire inférieure ou supérieure à quiconque. Elle était elle-même et ce qu’elle apportait aux autres était unique. - L’émotion que je vis sur le visage de Lucie était forte. Elle prenait conscience que son humilité l’avait limitée dans le développement de ses talents. - - Plutôt qu’humble, je vous propose d’être fière, lui dis-je. - Lucie fit une courte pause et je vis son visage s’éclairer. Toute trace d’humilité avait disparu, faisant place à une plus grande confiance. Nous eûmes un bref échange sur la différence entre fierté et orgueil, sur la limite entre fierté et arrogance. Lucie adopta ce qualificatif qui lui donnait la sensation physique de pouvoir développer ses talents innés beaucoup plus puissamment. - Je lui proposai de ne rien essayer de changer dans son comportement mais simplement, de s’observer chaque jour pour voir si ce qu’elle faisait, disait et pensait, l’amenait à « être » cette personne fière ou à s’en éloigner. Une observation régulière avec le désir sincère d’être la personne que l'on souhaite « être », déclenche les changements dans la facilité, car ils vont dans le sens de notre nature profonde. - Nous eûmes plusieurs contacts pendant les mois qui suivirent. Lucie s’observait et devenait de plus en plus fière (d’elle-même). Elle se débarrassait progressivement de son réflexe d’humilité et la société qu’elle avait créée se développait d’autant mieux. De plus en plus confiante en elle et dans la valeur de ce qu’elle apportait à ses clients, elle propageait cette confiance et atteignait ses objectifs plus aisément. -